Lorsque nous comprenons que la santé doit être vue comme un continuum versus un événement précis dans le temps, nous pouvons nous questionner sur quelles sont les meilleures façons d’aider notre corps physique à s’adapter à son environnement intérieur et extérieur?
Dernièrement j’écoutais un reportage sur la construction des navettes spatiales, de leur complexité et surtout de l’interrelation qu’il doit y avoir entre tous ces systèmes. Un ordinateur extra puissant est en charge de cette coordination. Cet ordinateur s’assure de la quantité d’oxygène et de CO2 présente dans l’atmosphère en tout temps. Il s’occupe également de la quantité d’électricité qui doit se rendre aux systèmes de propulsion, d’allumage et à la correction de trajectoire. Pendant ce temps, l’électricité pour d’autres fonctions diminue afin d’optimiser l’électricité disponible.
Je m’émerveillais des cerveaux humains capables de telles prouesses intellectuelles. Tout doit être prévu au quart de tour, tout le temps. En plus, il y a des centaines de systèmes de sécurité qui ferment une partie du réseau si d’autres parties ont un plus grand besoin. Par exemple, s’il y a une défaillance dans le système de pilotage, d’autres parties de la navette verront leur oxygène ou l’électricité diminuée afin de rediriger les énergies vers ce qu’il y a de plus urgent.
Je faisais un parallèle avec notre santé. Quand tout va bien, tout va bien. C’est vraiment juste quand on a un pépin que nous savons si nous allions si bien. Nous avons tendance à penser que lorsque notre corps ne nous dit pas qu’il va mal c’est parce qu’il va bien. Nous avons également tendance à penser que lorsque nous avons mal ou que nous avons une maladie que notre corps n’est pas bien.
Nous devons nuancer ces croyances. Par exemple, vous avez un caillou dans votre chaussure et vous marchez dessus un bout de temps avant de vous en apercevoir consciemment. Je peux vous dire que votre cerveau, lui, le savait depuis longtemps. Dès le premier pas, il s’est mis à s’adapter c’est-à-dire à mettre du poids sur une autre partie de votre pied, à faire des pas plus courts du côté du caillou afin que l’autre jambe puisse prendre la charge. Puis ça commence à faire mal. Cette sensation nouvelle amène de nouvelles informations à votre cerveau conscient et vous vous apercevez qu’il y a peut-être quelque chose qui vous fait mal. Plusieurs d’entre nous s’arrêteront, regarderont ce qui ne va pas, enlèveront le caillou et continueront.
Alors seulement la sagesse de notre corps enlèvera une grande partie de la douleur, les pas redeviendront normaux, la répartition de la surface de marche retrouvera son équilibre et la vie sera belle.
C’est dans un moment comme celui-ci que nous apprécions la grande capacité d’adaptation de notre merveilleuse machine humaine. Que ce serait-il passé si, pour une raison quelconque, nous n’avions pas ressenti la douleur, que nous ayons continué à marcher avec le caillou. Imaginez marcher pendant 5 minutes, 5 heures, 5 jours, 5 semaines, 5 ans.
En tant qu’animal (mammifère/primate), nous avons deux besoins fondamentaux : survivre et se reproduire. Notre société fait que ces deux besoins ne soient plus autant nécessaires cependant, la commande génétique ou épigénétique est toujours aussi présente.
Notre corps a une capacité inouïe à s’adapter, à faire des micros et macros adaptations de seconde en seconde et ce, notre vie durant. Cette capacité d’adaptation peut parfois nous jouer des tours et nous faire mal s’adapter.
Disons que vous êtes facilement stressé de nature, vous ne faites pas assez d’exercices et votre alimentation est moins qu’optimale. Rien qui ne sort de l’ordinaire, juste un peu plus que la moyenne. Votre capacité d’adaptation pour survivre fera que vous ne vous apercevrez pas des dommages que ces facteurs de styles de vie vous causent. Certaines des artères de votre cœur pourront s’obstruer très progressivement à votre insu mais vous survivrez. Puis votre système hormonal, entre autres votre cortisol, commencera à s’épuiser pouvant causer de la fatigue ou des difficultés à garder le sommeil. Encore là, vous survivrez grâce à la commande génétique.
Vous comprenez que vous avez commencé à perdre votre santé progressivement il y a bien longtemps. Mais tous les systèmes sont au vert, tout est beau apparemment. Vous continuez à faire ce que vous avez toujours fait et votre système d’adaptation aussi. Non seulement les vaisseaux continuent à se rapetisser mais certains tissus manquent d’oxygène. Que fera votre corps pour se redonner de l’oxygène? Il montera votre pression sanguine. Encore là, une merveille d’adaptation et on pense que tout est beau parce que la pression n’est pas encore assez haute.
À ce moment-ci, il n’y a qu’une seule question à se poser à savoir « c’est quoi le caillou dans notre chaussure ». Qu’est-ce qui peut bien nous forcer à s’adapter souvent à notre insu? Qu’est-ce qui met un stress supplémentaire sur notre vie? Nous savons que lorsque nous sommes en survie, il est très difficile de prospérer, de se développer, de grandir, d’évoluer et d’apprendre.
Survivre n’est pas ou plus suffisant. S’adapter est essentiel et ce n’est malheureusement pas l’objectif ultime. Notre corps s’adapte pour nous garder en vie ce qui est une bonne chose. En même temps, cette adaptation vient avec un prix à payer. Nous voulons rendre nos corps physique, émotif et mental plus forts. De cette façon, c’est nous qui contrôlons quelles adaptations nous désirons.
Si je veux que mes muscles s’adaptent rapidement, je ferai de l’exercice régulièrement ainsi ils seront toujours prêts à fonctionner. Oui, j’aurai possiblement des courbatures occasionnelles mais c’est la beauté de la vie.
Nos muscles font mal après une séance d’exercices… est-ce un signe de santé ou de maladie? Un muscle fait mal après une séance assise trop longtemps au travail… est-ce un signe de santé ou de maladie?
De ne rien vouloir ressentir nous empêche de s’adapter convenablement; nous survivons. Lorsque nous ressentons ce que la sagesse de notre corps issue de millions d’années d’évolution nous invite à ressentir, nous pouvons non seulement nous adapter mais aussi et surtout faire des changements appropriés. On peut ainsi identifier le caillou et même l’enlever si on le désire.
Lorsque nous vivons une vie non conforme à celle que nous devrions vivre, il est normal que cela fasse mal quelque part. On peut s’adapter, on peut mourir et on peut changer.
Les ajustements Network aident non seulement notre corps à mieux s’adapter mais aussi à mieux réaliser et à identifier notre caillou.
Dr Pierre Bernier, chiropraticien, D.C. 03 04 2023
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