
Nous changeons complètement de registre cette semaine avec un sujet très différent. Premièrement, il est inspiré par mes récents problèmes de santé et deuxièmement, par mes différentes lectures. En passant, je vais beaucoup mieux et je vous remercie de votre compassion et de votre sollicitude.
Lorsque l’on a un problème de santé, notre premier réflexe est de vouloir savoir ce que nous avons, c’est-à-dire établir un diagnostic. Jusque-là tout va bien…nous sommes tous d’accord! La problématique arrive lorsque nous voulons traiter ou aider la personne que nous sommes. Devons-nous traiter notre personne/ notre bien-être, le diagnostic ou les deux?
Johanne vient nous voir avec une hernie discale bien identifiée avec une résonance magnétique. Dans l’attente d’une date de chirurgie, elle s’est fait suivre en physiothérapie, en acupuncture, en chiropratique avec certains résultats mais ses douleurs ne sont jamais parties, ses inconforts revenaient souvent. Une journée elle était bien et l’autre, pas certaine, c’était plutôt mitigé.
L’un des côtés de traiter un diagnostic est que cela peut être néfaste pour la santé et le bien-être du patient. Traiter un diagnostic c’est un peu comme d’aller au garage pour faire remplacer une pièce brisée ou défectueuse. Nous ne considérons pas le conducteur de la voiture. Nous ne considérons pas tous les autres facteurs qui ont pu mener à ce problème de santé lesquels sont souvent la cause principale de ce même problème.
Voyez-vous, une hernie discale n’est pas une cause mais un résultat. La haute pression n’est pas une cause mais un résultat. Une chute qui mène à une déchirure d’un tendon n’est pas une cause mais un résultat. En mettant l’attention sur le symptôme, la personne disparaît.
Un autre facteur néfaste en traitant un diagnostic est que le patient se sent impuissant autant vis-à-vis ce qui lui arrive que ce qu’il peut lui-même faire, changer ou améliorer. Lorsque nous nous fions seulement aux professionnels, nous pouvons souvent avoir le sentiment que ce qui nous arrive est juste une malchance, une coïncidence. Donc, l’impression et/ou la sensation qu’en tant que patient, nous avons très peu de choses à y faire et peu de responsabilités à prendre.
C’est surtout vrai pour les conditions qui ont tendance à devenir récurrentes ou qui sont chroniques. Lorsque nous traitons un diagnostic, nous n’encourageons pas la personne à prendre du recul, à s’observer, à considérer son implication dans sa condition.
Derrière toute condition qui revient ou tout diagnostic, il y a toujours un dénominateur commun et celui-ci, vous l’avez tous les jours devant votre glace.
Lorsque nous voulons prendre charge de nous-mêmes, de notre santé et de notre bien-être, nous devons considérer l’ensemble de notre personne non seulement là où ça fait mal. Très souvent la douleur ou le symptôme est là pour nous avertir qu’il y a quelque chose qui ne va pas dans notre vie. D’enlever la douleur ou la maladie n’aide pas vraiment la personne qui est malade. Souvent c’est l’effet contraire qui se produit. La personne retourne à la vie qu’elle avait jusqu’à la prochaine fois.
Une autre difficulté en traitant un diagnostic est que la solution ne se trouve pas nécessairement où le problème se situe. Si notre santé est meilleure, nos symptômes seront moins importants ou moins dérangeants. De réparer ou d’enlever la batterie de notre alarme à feu ne nous aidera pas à combattre l’incendie.
Ce ne sont pas les symptômes ou les conditions qui nous rendent malades. Nous le sommes parce que, là, la sagesse de notre corps nous informe que nous devons changer certains aspects de notre vie.
Ces transformations peuvent être d’ordres physique, émotif, mental et pour certaines personnes, spirituel. Si quelqu’un nous enlève ce qui apparaît être nos problèmes, il nous enlève également la chance et l’opportunité de faire des changements qui seront plus que bénéfiques pour, non seulement notre santé mais, pour la santé des gens qui nous entourent et que nous aimons.
En tant que patient, nous voulons être actif, participer, s’impliquer, prendre la responsabilité pour ce qui nous arrive et surtout, ce que nous avons à découvrir et à changer.
Après une dizaine d’ajustements, Johanne a finalement compris pourquoi ses douleurs revenaient même si sa hernie discale avait été enlevée; une situation stressante dans un nouveau poste au travail. Vous comprendrez alors que la cause et le traitement viennent de changer du tout au tout.
Elle a appris que son corps lui disait de relaxer, d’apprendre à méditer, de prendre du recul, de ne pas tout prendre personnel, de se faire ajuster mais pas pour faire disparaître les douleurs mais juste pour être bien, de faire de son mieux et que le reste viendrait de la façon dont ça devait venir.
Dr Pierre Bernier, chiropraticien, D.C. 24 03 2025
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