Toujours dans la même veine, comment faisons-nous pour être heureux quand il y a désaccord?
Il y a plusieurs années déjà, une maman qui venait à la clinique depuis longtemps avec toute sa famille se présente un peu en panique et demande à me parler. Elle venait avec ses 3 enfants car le mari, ayant un poste hors de la ville, était absent des mois à la fois. Heureusement, c’était les derniers patients de la journée.
Après l’ajustement, je la rencontre pour écouter ce qu’elle avait à me dire. Je tente donc de vous raconter son histoire le plus simplement possible.
Un de ses adolescents venait d’avoir son permis de conduire de façon permanente. Il avait emprunté la voiture de maman avec son accord bien entendu. Le premier soir, il se fait arrêter pour excès de vitesse c’est-à-dire 125 km/h dans une zone de 100. Elle ne se possède plus et ne sait plus quoi faire. Son mari venant de partir pour une période d’un mois, elle se retrouvait toute seule à gérer la situation.
Je lui demande de prendre une petite pause, quelques bonnes respirations pendant une minute, d’apprécier le fait que rien de grave ne soit arrivé et que cet événement pourrait devenir une bénédiction. Immédiatement son comportement change. Elle n’est plus en panique et redevient la dame pausée qu’elle a l’habitude d’être.
Je vais chercher l’adolescent « on l’appellera Tom » et je lui demande ce qui s’était passé. Il me raconte qu’il était avec quelques amis et voulait tout simplement se rendre en vitesse pour une rencontre d’amis. Puis il me dit qu’il ne comprenait pas pourquoi sa mère réagissait si fortement. Il n’avait tout simplement pas été chanceux de se faire prendre et qu’il lui avait déjà dit.
La maman repart et amène toutes sortes d’arguments du passé de certains comportements de son fils qui n’avaient rien à voir avec la situation présente. Je les arrête tous les deux parce que ce genre de conversation ne mène nulle part et, trop souvent, des mots peuvent blesser profondément l’une ou l’autre ou même les deux parties.
Je demande à la maman pourquoi elle est si bouleversée du comportement de son fils. Elle repart encore, je l’arrête à nouveau et je lui redemande doucement pourquoi. Elle prend un instant et me dit : « C’est parce que je l’aime et qu’il aurait pu avoir un accident, se blesser, blesser ses amis et même d’autres personnes ou peut-être pire ».
Tom veut rouspéter mais je l’interromps et lui demande s’il peut comprendre la situation et les sentiments de sa mère. Il baisse la tête et me répond : « Bien sûr que oui. Je comprends maintenant ». Il se lève et donne un vrai câlin à sa mère.
Je pensais que mon travail était terminé mais elle me demande ce qu’elle devait faire maintenant au sujet de la voiture. Il savait qu’il ne devait pas faire de vitesse et qu’il l’a fait quand même comme plusieurs autres choses d’ailleurs. Je lui demande s’ils ont une entente claire et précise sur les conséquences des mauvais comportements routiers. Elle me dit que ça devrait être évident et je lui réponds : « Peut-être pour vous mais pas pour Tom ».
Je lui demande aussi s’il connaît les sanctions dans les autres aspects de comportements où il ne semble pas obéir? Elle me répond que non, qu’elle tolère bien des choses parce que son mari est à l’extérieur et qu’elle veut qu’il soit heureux.
Une fois tous les deux sortis de leur niveau de conscience où l’argumentation était la seule solution, rapidement entre eux ils en sont venus à une entente sur les sanctions à venir et d’oublier l’infraction passée.
Je demande à la mère d’établir des normes et balises claires et précises concernant les comportements les plus importants, de les établir avec Tom et de s’assurer tous les deux de respecter les sanctions, sans excuses, sans oui mais, sans rien du tout. Elle me répond que oui. Je demande à Tom s’il est maintenant assez mature pour vivre avec les conséquences de ses comportements inadéquats et il me répond également oui.
Les deux repartirent heureux d’avoir trouvé une entente et un plan qui les satisfassent mutuellement. Tom paya l’amende et ce, de son propre chef.
Ce que je ne savais pas dans le temps et que j’ai fait plutôt intuitivement est que notre niveau de conscience révèle certaines façons de penser. Ce niveau de conscience nous semble tellement réel que nous ne voyons pas d’autres solutions ou pensées que celles dictées par ce même niveau de conscience. Tout simplement de réaliser que nous sommes en train de penser et que ces pensées sont le résultat d’un niveau de conscience nous permet souvent d’accéder à un nouvel état de conscience.