Revenons un peu, si vous le voulez bien, à une des raisons qui fait que notre « EGO » se sente menacé ce qui correspond à me sentir menacé moi-même comme individu et conséquemment, cet état peut mener à soit de la dépression, soit de l’anxiété.
Par exemple, Jacques est un patient depuis longtemps; il vient régulièrement de façon préventive et curative. Jacques est un professionnel de tout premier plan. Il travaille dans un domaine très complexe avec une petite équipe. Il arrive une bonne journée le dos barré. Il est penché vers l’avant et vers la gauche ce qui n’est pas inhabituel pour lui. Après avoir fait un examen minutieux, je lui demande s’il est stressé, fatigué ou anxieux dernièrement. Il me répond que oui et beaucoup. Il a trop de travail et il ne veut pas décevoir certains clients de longue date en leur disant non ou en repoussant le travail à exécuter.
Je lui demande comment il gérait tout cela et il me répond : « Très mal. »
Je lui demande ce que cela signifierait pour lui s’il avait à dire non à un client ou à dire à quelqu’un que c’est terminé, je choisis de ne plus travailler avec vous parce que je suis trop occupé? Il me répond : « Ça voudrait dire que je suis un ingrat, quelqu’un qui se fiche des autres, qui n’a aucune reconnaissance, qui crache dans la main de celui qui le nourrit. »
Je lui demande alors si c’est vrai qu’il est comme ça? Il me dit : « Bien sûr que non. » Alors c’est quoi le problème si vous savez que vous n’êtes pas comme ça et que vous pensez que les autres penseront cela de vous?
Il prend un instant et me dit : « C’est vrai que c’est juste dans ma tête, je ne suis vraiment pas comme ça. Je pense que les gens penseront ça de moi parce que c’est ce que je m’attends de moi c’est-à-dire de toujours dire oui, de toujours être là, de toujours faire le travail, de toujours vouloir tout faire pour rendre les autres satisfaits, pour me sentir bien avec moi-même, pour savoir…… que je suis quelqu’un de bien!!!! »
Cela fait déjà quelques années de cet événement et Jacques a pris certaines décisions qui, de l’extérieur, ne paraissent pas beaucoup mais où tout est différent de l’intérieur. Vous vous attendez à quoi de vous?
Allons à un autre exemple pour mieux comprendre le propos. Bruno, est un de mes amis d’enfance que je vois une fois à tous les 5 ans et avec qui je parle au téléphone un fois ou deux par année. Il me disait comment il était désappointé de certains de ses amis proches. Il me racontait qu’une ou deux fois par année, lui et ses amis vont à la pêche et qu’il organisait tout, qu’il passait beaucoup de temps à rechercher les meilleures places, etc.
Puis, il me dit : « Certaines personnes du groupe sont allés voir les Canadiens et ils ne m’en ont même pas parlé. Je suis furieux, moi qui fait tout ça pour eux et je n’ai rien en retour. » Je lui demande si ce genre de situation se produit souvent et de me répondre : « Non. C’est la première et l’unique fois. »
Je lui demande alors : « À quoi t’attends-tu de tes amis? Qu’ils fassent exactement comme toi, comme toi tu aurais fait idéalement? »
Après un moment de réflexion il me répond : « Oui bien sûr! C’est ce que je m’attends d’eux. Moi c’est ce que je fais donc les autres devraient faire pareil. » Et la conversation se termina ainsi sur ce sujet sans que Bruno ne comprenne que c’est lui qui avait des attentes irréalistes envers les autres.
Lorsque nous avons des attentes envers nous-mêmes ou envers les autres et que celles-ci ne sont pas comblées selon nos critères, il est normal que nous soyons anxieux ou déprimés, frustrés ou fâchés mais, ce n’est que la pointe de l’iceberg. La réalité est que lorsque nos attentes (conscientes et trop souvent inconscientes) ne sont pas rencontrées, nous nous sentons menacés dans ce que nous croyons être profondément. Lorsque notre être se sent menacé, nous réagissons et parfois ces réactions sont disproportionnées par rapport à la situation. Lorsque notre sécurité de qui nous croyons être est en danger, notre EGO fera tout pour préserver son identité.
Avons-nous tendance à avoir des attentes envers nous-mêmes qui sont irréalistes ou des attentes envers les autres qui le sont également? Ou les deux? Ce n’est pas surprenant que nous soyons anxieux ou déprimés ou les deux? Et tout ça parce que nous avons perdu cette capacité naturelle que nous avons tous d’être présents dans le moment, ici et maintenant. Lorsque nous y sommes, il n’y a pas d’attentes, il n’y a que ce qui est là ni plus ni moins.
Dr Pierre Bernier, chiropraticien, D.C. 21 02 2022
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