Lorsque les enfants étaient plus jeunes, nous patinions souvent chez des amis qui faisaient une patinoire sur le lac en face de leur chalet. Bien entendu on ne peut parler patinoire sans parler de jouer au hockey. Le pur plaisir de simplement patiner, faire des passes, déjouer le gardien de but et lever les bras en l’air en imaginant que l’un de nous était Guy Lafleur, Wayne Gretsky ou Mario Lemieux. Il n’y avait jamais vraiment de perdants puisque nous changions les équipes constamment.

Un soir, sur le chemin du retour, un de mes enfants demande pourquoi on ne jouait pas un vrai match avec des points et un gagnant? Excellente question. Je n’en avais aucune idée. Je savais que c’était juste plus agréable ainsi.

Peu de temps après, un autre de mes amis se porta volontaire pour être l’entraîneur d’une équipe de baseball dont un de ses fils en faisait partie. Il le ferait volontiers à la condition de rencontrer tous les parents car il voulait leur expliquer que le but n’était pas de gagner mais bien de faire jouer tout le monde, également, chacun son tour, peu importe l’importance apparente du résultat; comme envoyer le meilleur lanceur ou frappeur vers la fin de la partie.

Dans notre société, nous avons en tête que si nous n’avons pas de gagnant, pas de compétition, nous ne ►performerons◄ pas à la hauteur et nous ne nous dépasserons pas. Il n’y a rien de plus faux. Souvent l’absence de pression auto-générée nous libère et nous permet de performer à notre meilleur et surtout, d’apprécier ce que nous sommes en train de faire. Les joueurs de golf apprennent cette attitude très tôt dans leur carrière. Ils passent de « je veux gagner à tout prix » à « je veux performer le mieux que je peux et me dépasser, sans attente ».

Une analogie que je me souviens avoir lue quelque part allait comme suit : « Un casino vous paie $500.00 par jour pour juste jouer afin d’encourager les gens à jouer. Le casino vous procure $5,000.00 de jetons de jeu au début de la journée et, à la fin de la journée vous remettez ce qu’il vous reste (s’il en reste) et si vous avez été chanceux, vous remettez également tout l’argent gagné. Et, on vous remet votre $500.00.

Si vous aviez, par le plus grand des hasards, doublé les gains, vous seriez tout excité et à la fois désappointé parce que vous auriez à remettre tout cet argent. De la même façon, si vous aviez tout perdu, vous seriez désappointé mais aussi soulagé en sachant que vous aurez tout de même votre paie de $500.00 de toute façon.

Le concept c’est que dans les deux scénarios, vous auriez joué à plein régime, sans peur, sans crainte parce qu’il n’y a aucun enjeu et que le résultat ne vous appartient pas vraiment. Ici, nous parlons du casino… c’est tout simplement un jeu.

Mais que se passerait-il si nous avions la même attitude avec tout ce que nous faisons dans la vie c’est-à-dire de vivre pleinement, sans peur, sans crainte, à fond, jusqu’au bout (full out), en sachant que ce qui est vraiment important, vous l’avez déjà à l’intérieur de vous; votre bonheur, votre amour, votre respect, votre estime de vous et votre bien-être? Comme avec votre $500.00 du casino, vous n’avez rien à perdre autre que de profiter pleinement du moment.

Oui je sais, j’ai les mêmes objections qui m’arrivent à la tête en diverses pensées. Mon travail n’est que de réaliser que c’est moi et moi seul qui s’attache à ces ou cette pensée et choisir si je veux qu’elle m’accompagne ou non. J’ai le loisir et le luxe d’attendre la prochaine pensée qui s’en vient.

Le $500.00 du casino c’est un peu comme qui vous êtes ou comment vous vivez. Il sera toujours avec vous, vous ne pouvez pas le perdre, personne ne peut vous l’enlever. Tout ce qui nous reste à faire c’est de vivre pleinement en sachant que rien à l’extérieur de nous peut nous rendre heureux ou malheureux.

Nous avons déjà tout ce qu’il faut, ce n’est qu’une question de jouer pleinement le jeu de la vie. Un peu comme une de mes petites-filles qui passaient des heures dans une boîte en carton vide imaginant que c’était sa maison avec une famille de licornes dont elle prenait soin. Trop facile! Peut-être pas.

Dr Pierre Bernier, chiropraticien, D.C.  13 11 2023

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